Quand tu marches toute la journée, tu en chies, tu souffres. Finalement, ce n’est pas le fait de marcher qui t’intéresse, mais tous les petits moments de la vie autour, la lenteur du monde retrouvée, le chant des oiseaux, un coucou au loin… un rayon de soleil qui réchauffe ta peau au matin. Et surtout ce que tu apprécies le plus c’est l’épreuve que tu dois surmonter.
La difficulté du premier kilomètre, les doutes qui l’accompagnent que tu n’oses t’avouer seulement une fois arrivé au cinquième kilomètre. Le renoncement à tes premières espérances, à tes premiers objectifs. Le renoncement face à ton corps qui en fait n’est pas si résistant, pas si maniable, pas si rapide. Et finalement le dépassement de tes limites pour aller au-delà de ce que tu croyais pouvoir endurer.
En fin de compte, tu te rends compte que la vie est semblable à la marche, faite d’épreuve, de joie et de renoncement.
Une anecdote me revient d’une averse particulièrement terrible, en moins de cinq minutes nous étions complètement trempés. Pourtant nous n’imaginions pas une seconde nous arrêter, nous avançâmes le cœur lourd avec comme seul désir celui de trouver un abri. Nous avancions et au loin nous vîmes un pont, aucun de nous ne croyez à la réalité de cet asile. Surement un pont à fleur d’eau sans espace pour s’abriter, mais nous continuâmes. Quand nous touchâmes au but, le soleil revint d’un coup. Alors là et seulement là, sur ce pont, nous nous arrêtâmes.
L’heure suivante, assis chacun sur un bord du pont, trempés, frigorifiés, nous restâmes, sous ce pseudo soleil, à rire de notre mésaventure, à rire de nos objectifs grandiloquents du début de journée, nous avions à peine parcouru vingt des quarante kilomètres prévus, on s’imaginait déjà dormir là, nous avons trouvé milles excuses pour s’arrêter là, toutes plus valables, toutes plus farfelues (Si on continu on sera trop fatigué pour repartir demain… Si ça se trouve il n’y à aucun endroit ou planter la tente plus loin… Des bandits de grands chemins sont surement entrain de nous attendre après le virage là-bas). Finalement un petit homme apparu au loin, il paraissait étrange, sa peau était burinée par le soleil, il portait un curieux short en jean et un vieil anorak rouge. De ce que je pouvais apercevoir, il semblait gambader, jetant des regards émerveillés à la nature qui l’entourait.
Je dis à mon compagnon de route qui lui, lui tournait le dos :
-Il y a un type qui arrive, je vais lui demander si la ville est encore loin.
Nous attendîmes 5 min qu’il arrive, tout est beaucoup plus lent à pieds, donc nous attendîmes et quand il passa à notre hauteur, il nous lança :
-Bonjour, alors on marche
Je lui répondis que oui. Il questionna :
-Pas trop dur par ce temps?
-oh, on fait aller…
Il me fit un clin d’œil, comme si il comprenait mon état d’esprit. Avant qu’il eu reprit sa marche, je l’interpellais :
-Sinon vous sauriez d’où on en est de la ville ?
-3 kilomètres jeune homme, trois kilomètres avant la ville
Dit-il en reprenant son chemin.
A ces mots mon cœur déborda de joie, je regardais mon camarade et je lu le même sentiment dans son regard. Cinq minutes plus tard nous étions repartis.
La vie comme la marche, est fait d’une succession d’épreuve que nous acceptons, ou nous luttons jusqu'à l’épuisement, mais aussi de joie simple que nous savourons. Il y a une grande part de renoncement que nous supportons et qui nous apprennent l’humilité, mais surtout la vie est faite de rencontre qui nous font avancer. Je chéri le souvenir de ce petit homme qui sans le savoir nous a redonné du courage à un moment fatidique d’une journée de marche pourtant si banale.